Laurent Brocker (Digital Learning Manager, Assistance Publique Hôpitaux de Paris) revient sur l’efficacité pédagogique du feed-back et sur ses diverses déclinaisons. La puissance de Moodle fait ici des étincelles : formateurs et apprenants n’ont aucune raison de s’en priver plus longtemps.
Le feed-back, ce n’est pas seulement pour contrôler les savoirs acquis, c’est aussi une modalité d’apprentissage à part entière ?
Laurent Brocker : Tout à fait, le feed-back peut être considéré comme une modalité d’apprentissage à part entière, car il permet à l’apprenant de comprendre comment il progresse, de corriger ses erreurs, de renforcer ses connaissances et d’ajuster sa stratégie d’apprentissage. Le feed-back peut être donné de manière formelle ou informelle, par un enseignant, un pair ou même par l’apprenant lui-même. Il peut prendre différentes formes telles que des commentaires oraux ou écrits, des évaluations formatives ou sommatives, des notes, des évaluations par les pairs ou encore des auto-évaluations. Il peut aider les apprenants à identifier leurs forces et leurs faiblesses, à mieux comprendre les attentes et les critères d’évaluation, à améliorer leur confiance en eux-mêmes et leur motivation pour l’apprentissage. En tant que tel, le feed-back peut donc être considéré comme une partie intégrante de tout processus d’apprentissage efficace.
Quels sont les effets positifs du feed-back sur l’engagement des apprenants et sur la rétention des savoirs ?
Laurent Brocker : De nombreuses études ont démontré ces effets, notamment celles de Butler, Karpicke et Roediger en 2007 qui ont proposé des tests avec rappel le lendemain : près de 70 % des apprenants avaient mémorisé l’information quand il y avait un feed-back versus 30 % seulement pour ceux qui n’avaient aucun feed-back. Si l’on combine ces apports avec la courbe de l’oubli, le feed-back devient un outil précieux pour mémoriser les savoirs, ce dont attestent diverses métriques bien connues : taux de rétention (proportion d’apprenants qui continuent à suivre un cours après avoir reçu des feed-back), taux de complétion (proportion d’apprenants qui ont terminé un cours après avoir reçu des feed-back), évaluation et performance des apprenants… Grâce à ces métriques, les enseignants et les formateurs peuvent évaluer l’impact du feed-back et ajuster leur approche en conséquence pour maximiser les bénéfices de l’apprentissage.
Quelles formes peut prendre le feed-back ?
Laurent Brocker : Le plus souvent, les feed-back sont procurés sous forme de texte, alors que les recherches en sciences cognitives montrent que les canaux visuel et auditif sont majoritaires dans la population. Il ne faut donc pas hésiter à fournir des feed-back sous format vidéo ou encore avec des podcasts ! Ils peuvent être délivrés tout au long du parcours de formation.
En pédagogie, le terme « feed up » peut être utilisé pour aider les étudiants à comprendre les objectifs d’apprentissage et les attentes de l’enseignant, en leur proposant, par exemple, des instructions claires sur ce qu’ils doivent apprendre et sur la façon dont ils seront évalués. Le « feed-back », quant à lui, peut être utilisé pour aider les étudiants à comprendre leurs forces et leurs faiblesses, et à améliorer leurs performances, en particulier via des commentaires constructifs sur leurs travaux et en les aidant à identifier les domaines dans lesquels ils doivent s’améliorer. Enfin, le « feed forward » permet d’aider les étudiants à se préparer à l’apprentissage futur par des informations sur les compétences et les connaissances dont ils auront besoin pour réussir à l’avenir, ce qui peut être fait en les accompagnant dans la compréhension des applications pratiques de ce qu’ils ont appris et en leur procurant des outils pour continuer d’apprendre et de se développer. Feed up, feed-back et feed forward sont donc des stratégies pédagogiques utiles qui permettent aux enseignants de communiquer efficacement avec leurs étudiants, d’identifier les domaines dans lesquels les étudiants ont besoin d’accompagnement et de les aider effectivement à se préparer à l’apprentissage futur.
Comment utiliser les activités de Moodle pour donner une rétroaction pertinente et formative ?
Laurent Brocker : Les plateformes numériques de formation sont une incroyable opportunité pour mettre en œuvre ces feed-back dans le cadre de la formation. En particulier, les activités de test avec indication de certitude ou tests avec indices de Moodle sont propices aux feed-back. Bien plus qu’un retour immédiat, elles permettent d’évaluer un processus. Avec l’évaluation par les pairs de Moodle, nous retrouvons les notions de feed up, feed-back et feed forward. Le formateur a un rôle prépondérant dans cette approche : rédiger un feed-back de qualité demande du temps et surtout modifie la posture du « sachant transmissif » en facilitateur, en accompagnant. Une rétroaction pertinente et formative s’appuie sur plusieurs critères tels que l’intentionnalité, la source, la connotation, le niveau de focalisation, le nombre, la cohérence ainsi que le moment de la réception (référence : modèle de Christelle Bosc Miné : Caractéristiques et fonctions des feed-back dans les apprentissages, 2014).
Pour réussir dans l’apprentissage en ligne, il est crucial d’utiliser les fonctionnalités du feed-back dans les activités de Moodle. Grâce à ce retour d’information précis et personnalisé, les apprenants sont mieux guidés dans leur progression et peuvent être motivés à exceller dans leur apprentissage. Les enseignants et les formateurs doivent donc tirer parti de ces outils pour créer une expérience de formation dynamique et efficace.
Pour en savoir davantage sur le sujet, retrouvez Laurent Brocker et Enovation lors du webinaire « Le feed-back sur mesure de Moodle : la clé du succès dans l’apprentissage en ligne ! », le jeudi 8 juin à 11 h.