Aux origines, les commerçants établissaient leur magasin dans leur propre ville ou village; ils engageaient des travailleurs locaux et vendaient des produits et services, tous conçus localement, … ils vendaient aux passants. Tout le monde se connaissait. Très sociaux, les gens conversaient beaucoup et fréquemment. Chacun pouvait anticiper les besoins de chacune des autres personnes.
Durant les 19ème et 20ème siècles, le local est devenu régional, puis national, et enfin global. Les espaces de travail, les réseaux des vendeurs, les clients, les familles elles-mêmes se sont étendus et ont éclaté de la même façon. Les relations entre personnes sont devenues moins familières, plus distantes, plus impersonnelles, moins fréquentes et plus automatisées.
Nous avons commencé à utiliser les technologies pour essayer de résoudre ce problème de distance. Mais les difficultés ont persisté : le téléphone est un appareil assez impersonnel, le voyage aérien n’est pas « naturel », il est également onéreux et polluant, l’e-mail n’est pas un moyen de communication « instantané”, le commerce sur internet est anonyme … la familiarité de l’ancienne Grand-Rue manque cruellement : aucune technologie ne semble avoir pu bien recréer les sensations des activités locales comme aux origines!
Dans le domaine de la formation, cette ancienne Grand-Rue n’a pas encore non plus été reconstituée: pour assister aux formations (en présentiel), les apprenants, qui sont souvent basés assez loin les uns des autres et aussi par rapport aux lieux de formation, doivent se déplacer de façon notoire, ce qui engendre des coûts et des pertes de temps peu appréciés en ces années de crise endémique où la rentabilité est un facteur essentiel pour les organisations.
Des alternatives ont pris place, comme la formation par visioconférence : un des ses intérêts est le synchronisme produisant l’immédiateté des échanges. Néanmoins, la plupart des personnes l’ayant expérimentée ont découvert que ce mode n’était supportable que durant des plages d’une à deux heures au maximum. En parallèle, le eLearning de première génération est aussi apparu, essentiellement asynchrone avec effet souvent négatif de « déconnexion » par rapport aux autres apprenants et par rapport au formateur. Ces deux univers viennent de commencer leur convergence avec les MOOC, COOC et SPOC, et cela de deux manières alternatives:
- Sur des plateformes spécialisées orientées « accès massif », où les fonctionnalités et la convivialité sont assez limitées
- Sur des plateformes eLearning de premier plan (en particulier le LMS open source Moodle), qui combinent de très variées et riches fonctionnalités eLearning asynchrones avec l’intégration réelle de technologies synchrones (comme les classes virtuelles Big Blue Button et les webcasts Google Hangouts).
Ainsi, il est aujourd’hui possible de créer des parcours de formation attractifs, motivants et efficaces à la fois, combinant les vidéos, les forums, les wikis, les sondages, … avec des chats, visioconférences, webcasts … et même avec des sessions de formations en présentiel (blended learning). Au niveau mondial, les partenaires Moodle essayent d’ailleurs de promouvoir ce mode de formation mixte, combinant les avantages du synchrone et de l’asynchrone sans hériter de leurs désavantages respectifs.
Des éléments aidant à la reconstruction de la Grand-Rue de la formation font partie des tendances eLearning observées en 2015 ainsi que de celles qui pointent leur nez pour 2016.